Après des mois de préparation je me retrouve face à mon premier raid qui va dépasser 24h avec un programme très (trop ?) optimiste.
Plus de 600 kms et le souhait de rallier mon domicile dans le Tarn au Piémont Italien dont je suis originaire. Ce raid symbolise beaucoup pour moi car c'est un retour aux sources et une sorte de mini Occitanie Divide qui doit me mener sur les lieux de vacance de mon enfance.
Le choix du vélo, son montage, ses réglages, se sont fait tout au long de l'année avec comme principale source d'information le Web et les nombreux sites, US et Européens traitant du gravel et du Bikepacking.
Ancien VTTiste et de retour sur deux roues depuis 18 mois, j'ai enchaîné les entraînements et heures à l'atelier pour me remettre en selle. D'abord physiquement, car je reviens de très loin, avec mes 45 ans et une hygiène de vie très moyenne par un métier qui m'oblige à découcher très souvent, je passe ma vie dans les restaurants d'une belle région, l'Occitanie, ou on ne mange que trop bien. Je faisais couiner la balance sous 116 kilos pour 1m83 ...
Les premières sorties en VTT de 30 kilomètres s'avéraient de véritables souffrances et demandaient plusieurs jours de récupération, mais à force d'entêtement j'ai repris le dessus et les paliers se sont succédé ... 50km, 80km, 100km ... et les kilos se sont brûlés, mais en descendant pas en dessous du quintal, limite qui m'est difficile à franchir.
Voulant toujours avaler plus de kilomètres, le VTT moderne trouvait beaucoup de limites à mon goût, étant au pied de la montagne noire, je roulais en mono 32 dents, mais sur le plat roulant ou descente, on se retrouve vite à mouliner ... J'en regrettais les vieux VTT de mes années de "gloire" des années 90, moins confortables, moins pointus mais tellement plus "roulants" ...
C'est à ce moment que je tombe sur des sites US en particulier, traitant du Gravel.
Des drôles de vélos avec des guidons typés route mais qui ressemblent en tout points aux VTT d'un temps : Rigides, simples, pleins de démultiplication etc. ...
C'est ainsi que je me suis mis en quête d'infos, de retours d'expériences etc. ... ainsi je me suis lancé dans la pratique, d'abord avec un GT Grade Alu 105, un peu trop petit pour moi en taille 55 et avec un développement compact 34/50 trop dur pour moi, et je suis tombé sur un cadre Croix de Fer Genesis 2018 en Reynolds 725 près de chez moi ...
C'est ainsi que je suis tombé dans la marmite Genesis...
Et désormais je suis l'heureux détenteur de 3 Genesis montés par mes soins :
Croix de fer, plutôt monté trekking/gravel léger
Tarn, semi rigide de VTT 27,5+ polyvalent en 2x11
Et enfin, dernier et pas des moindres mon Vagabond !!!
Monté afin de faire du Gravel plus engagé, il est équipé en pur Monstercross avec une transmission mixée Deore XT et Sora, des roues 29 ou 27,5, un large guidon Ritchey Venture Max etc. ...
Ce sera ma monture pour ce raid en Bikepacking.
Les points que j'ai du mal à décider sont les suivants :
Choix des roues : J'opte pour le 29" en 40mm Tubeless (Maxxis Rambler)
Choix des rapports : 2x9 en 24x38 devant et cassette 11x36
Le parcours étant assez roulant, avec 50% de voies vertes et 50% de petites routes, cela me parait un bon compromis.
Le portage est un point complexe, et je suis toujours épaté des récits de ceux qui arrivent à partir avec un vélo chargé d'une quinzaine de kilos !!!
J'arrive en fin de compte à 28 kilos, tous pleins faits (2L d'eau dans le sac de cadre et un bon kilo de bouffe dans un sac de fourche).
Pour le couchage c'est une petite tente mono-paroi Jamet Eclipse 4000, qui à l'avantage d'un montage des plus simples et rapide (deux mats alu et 4 sardines suffisent !), cela me parait un bon compromis vis à vis du Bivy auquel je ne me fait pas ...
Le trajet :
Vendredi 26/07/2019 Soir 1 5:49:46 108,77 km 739 m
De Lescout à Bédarieux
Vendredi 26 juillet, dernier jour de travail avant les vacances, il me tarde de partir, derniers remplissages, gonflages, vérifications … Et c’est parti vers 19h … Pas vraiment un départ à l’aube mais plusieurs mois d’envie qui se concrétisent enfin, d’autant que je suis pris par le temps, ma fenêtre de « tir » est réduite car je suis sous le coup d’un planning chargé avec des vacances en famille dès la fin de la semaine prochaine, il faut assurer un trajet prévu de 620 kms !
Petit roulage dans les environs connus de la maison, avec un arrêt opportuniste en début de soirée pour faire le plein de junk food au Mc Mazamet juste au départ de la voie Verte Passa Païs de Mazamet à Bédarieux.
C’est une voie verte avec un revêtement sablonneux compacté de bonne qualité avec un trajet sur l’ancienne voie ferrée offrant un dénivelé très progressif, idéal pour se mettre en jambes de nuit.
Je m’attendais à croiser personne, ce qui fut le cas, mais n’empêcha pas des rencontres assez intéressantes : Salamandres, Blaireau mais aussi un plein troupeau de vaches paissant tranquillement sur la voie verte, ce qui est déjà moins rassurant à croiser, avec en point d’orgue, une paire de sangliers biens ventrus et sonores qui m’ont coupé la route sans prévenir !!!
Sans prévenir non plus, j’entends à minuit un sifflement et crachotement strident devant moi, accompagné d’une brume dans le faisceau de ma lampe …
Mon pneu avant vient de me lâcher … malgré son montage Tubeless, une belle entaille de plusieurs millimètres de large que le préventif peine à combler… Je pose le vélo sur la rambarde du pont, sort mes outils, pose une mèche et regonfle, environ 25 minutes plus tard je repars avec un pneu réparé, et qui ne me posera plus de problème au cours de mon périple.
Le plus rageant étant les marques laissées par la rambarde métallique du pont sur mes jolis leviers Sora … La phase de gonflage avec la petite pompe les ayant consciencieusement frottés …
Je croise un Bikepackeur qui s’est posé quasiment sur la voie verte, sa tente illuminée de l’intérieur créant une sorte de blob blafard sur le bord de la voie.
Je me dis que je ne devrais pas trop tarder à me poser non plus, je rentre ainsi dans une histoire sans fin, en me disant que tel spot est sympa, mais trop sur la voie, l’autre pas assez plat, l’autre trop près des maisons… Ainsi je me retrouve à Bédarieux vers 1h du matin … Je trouve enfin un spot correct derrière une aire de repos sur une petite route.
2h du matin, il est temps de se poser, monter la tente, se rincer un peu de la sueur de la sortie, et se glisser presque propre dans le sac à viande, bien suffisant par les températures d’alors.
La tente se monte vite, et l’intérieur pas trop exigu, malgré le tapis gonflable assez épais, 5 centimètres, que je me suis surpris à gonfler de moins en moins tout au long du raid.
Samedi 27/07/2019 Matin 1 3:18:23 62,49 km 624 m
De Bédarieux à Grabels
Après une nuit courte et en pointillés, je me décide à me lever vers 6h30, soit une paire d’heures de sommeil tout au plus, ayant dormi avec la porte de la tente baissée pour cause de risque de pluie, je me lève avec une tente assez chargée de condensation en son intérieur pour cause de mono paroi.
C’est l’inconvénient de la simplicité, j’ai d’ailleurs une petite microfibre qui me sert de « serpillère » pour l’essuyer et éviter de trop mouiller mes affaires de couchage. D’où l’importance aussi de ne pas stocker la tente dans un sac étanche avec le reste des affaires mais dans un sac distinct.
Après un petit déjeuner complet, je me remémore le dicton préféré d’un cher collègue « Nourriture = énergie !!! »
J’inaugure mon petit déjeuner que j’avais peaufiné lors de mes précédentes sorties :
Chauffer de l’eau dans la gamelle, d’abord pour remplir le quart pour y faire du thé, ensuite 30cl dans le fond de la gamelle pour y mettre 2 sachets de cappuccino au chocolat, y rajouter le mélange de céréales (avoine pour porridge sans cuisson ou autres additionnées de raisins secs et fruits secs).
Cela fait une sorte de porridge bien conséquent, de quoi tenir la matinée.
J’emballe tout le matériel après le petit déjeuner et charge le vélo, le temps de tout préparer il est 8h passées quand je repars.
Il est clair que ce temps de bivouac, et son pliage est à optimiser, par précaution, je tiens à vider le vélo pour éviter toute tentation de fauche, d’autant que je suis en proximité d’une route.
L’expérience m’a précédemment prouvé, que même dans l’endroit le plus reculé il y a toujours un spectateur, pas forcément bien intentionné… Un chasseur qui veut défendre son garde manger, un ramasseur de champignons jaloux de ses coins secrets, un paysan inquiet pour ses cultures, etc. …
Donc c’est reparti, je m’oriente vers le magnifique lac du Salagou en passant par le village de Salasc.
Salasc est un charmant village typique de l’arrière pays Héraultais, avec en particulier une sympathique et accueillante place de village pourvue d’une fontaine bien fraîche et d’un lavoir.
Les deux sont les bienvenus, avec l’opportunité de faire un premier rinçage de mes affaires de la veille, positionnées ensuite sur ma sacoche de selle dans un sac ajouré en maille afin de commencer à sécher. Dans ces situations, on ne fait pas de la grande lessive, mais un bon rinçage permet au moins de débarrasser les vêtements du sel accumulé par la transpiration et la poussière de la route. Le jus extrait témoignant de son utilité.
Je me dirige ensuite vers le lac et découvre le superbe environnement du Salagou, les oxydes donnent une couleur caractéristique au site, avec un petit air de Colorado très dépaysant, un joli spot pour venir faire du VTT !
Sous une chaleur notable je traverse l’Hérault, au dessus de Montpellier, je trouve réconfort autour d’une Pizza à Grabels, c’est d’ailleurs l’occasion de découvrir que s’enfiler une pleine bouteille de 2L d’Oasis n’est pas forcément accepté par le corps même si réclamé par celui-ci.
Entre chaleur et effort, il faut apprendre à se doser, à se ménager et ainsi à durer. C’est assez complexe de passer de simples sorties à un raid sur plusieurs jours, cela se prépare depuis le vélo, avec des développements adaptés, des entraînements selon les disponibilités de chacun et surtout, trouver comment aborder humblement le raid selon ses propres capacités.
Je ne parlerais pas de limites, car celles-ci sont justement en cours de redéfinition dans ce genre d’aventures, ce qui en fait tout l’intérêt.
A titre personnel, pas grand-chose m’y pré dispose, mon surpoids, ma carrure, ma condition physique moyenne sont de lourds handicaps. Pour rappel Moi + Vélo + Matos + bouffe = 130 kgs et plus. C’est sur que je suis souvent envieux des résultats de certains dans ce type de raids, plus de 300kms par jour et des dénivelés notables, mais avec leurs 70 kgs, c’est comme si ils avaient un vélo de plus de 60 kgs comparés à moi, c’est du moins une façon de se réconforter.
Samedi 27/07/2019 Soir 2 5:52:16 96,00 km 536 m
De Grabels au pont du Gard
Après une belle pause, c’est reparti sous un soleil notable, pour traverser le nord de l’Hérault et s’attaquer au Gard.
Je parcours l’arrière pays Montpelliérain au gré des V70 (Loire Méditerranée) et V66 (Uzès pont du Gard), ce qui me permet un bon itinéraire facile et bien repéré, j’en profite pour faire un peu de visite à Nîmes, le Temple de Diane et bien sur la Maison carrée, superbes traces du passé romain de la région.
A la nuit venue je reprends la V66 afin d’aller bivouaquer vers le pont du Gard, c’est alors que je fais connaissance avec les fameux « épisodes cévenols », un bel orage qui fait s’abattre des trombes d’eau en quelque minutes, me jetant irrémédiablement dans les bras d’un fast food bienvenu en attendant une accalmie, qui arrivera vers 23h me permettant de reprendre mon chemin et atteindre mon objectif, le pont du Gard.
A nouveau la problématique de trouver un spot convenable pour me poser, un coin d’herbe en bordure de voie verte fera mon affaire, juste devant l’entrée du site.
De minuit à 7h du matin, personne ne s’enquit de ma présence ni s’en offusqua, d’ailleurs, je me suis préalablement renseigné sur les textes encadrants la pratique du bivouac, et force est de constater que c’est le grand vide …
Aucun texte ne pose clairement le principe, et il s’agit plus d’une tolérance qu’autre chose, personnellement je me baserais sur les règles de la plupart des grands parcs naturels en France, qui tolèrent la pratique du coucher au lever du soleil avec une tente de petites dimensions.
Ensuite il est clair qu’il ne faut pas empiéter sur des cultures, des pâturages ou des voies de circulation, et enfin pour vivre heureux, vivons discrets !
Dimanche 28/07/2019 Matin 2 3:00:40 52,55 km 263 m
Du pont du Gard à St Saturnin les Avignon
Après la journée mouvementée de la veille, le rituel du pliage de tente et rangement se renouvelle, avec les affaires passablement humides suite a la pluie de la veille, je repars sur la V60 (Via Rhona), et profite d’une belle table de pic-nic pour pratiquer le petit déjeuner copieux qui s’organise de mieux en mieux et de plus en plus rapidement, un joli bazar mais la bouffe réussie c’est déjà la moitié de l’aventure réussie non ?
Je suis après l’EV17, toujours par la Via Rhona d’Avignon à Beaucaire.
La visite de la ville d’Avignon est des plus intéressantes, d’autant que l’épilogue du festival d’Avignon, le festival Off, bat son plein, avec une foule dense et des affiches partout, des spectacles de rue et un joyeux bazar général du pont bien connu au palais des papes.
Je me ravitaille dans les faubourgs d’Avignon, et je reprends la route sous un soleil de plomb et avec un vent qui commence à se faire sentir, Je me pose pour le repas à St Saturnin les Avignon, et profite d’un banc public en entrée du village avec un peu d’ombre et de l’air, à tel point que je peux faire sécher tout mon matériel en une heure en me servant des arbres.
C’est pas très glamour, mais très efficace.
Dimanche 28/07/2019 Soir 3 4:46:51 63,32 km 1 202 m
St Saturnin à Sault
Je quitte mon banc public pour me lancer dans une forte chaleur à l’assaut des hauteurs pour rejoindre Sault.
Je fais la découverte des gorges de la Nesque, et ainsi la montée vers Sault se mérite avec près de 1200m de dénivelé, cette pente assez douce mais continue tire sur les jambes et le moral, mais le spectacle des gorges est grandiose, avec des passages impressionnants dans la montagne, et des a pics très intimidants.
J’en profite pour saluer au passage un bel aigle d’une taille plus que respectable qui m’attendait, à croire qu’il était déçu de me voir arriver vivant en haut… Dommage que l’on était pas dans les Pyrénées, j’aurais carrément eu les vautours qui me seraient tourné autour …
Une fois les gorges passées c’est presque du plat jusqu’à Sault, un dernier petit raidillon et enfin mon objectif se présente à moi, arrivé pas trop tard j’attrape une pizzeria encore ouverte et me restaure très convenablement.
Un peu trop fatigué et le ventre trop rempli pour repartir bivouaquer au loin, j’avais remarqué en entrant dans le village que celui ci possède une aire de repos pour les Campings Cars qui souhaitent y passer la nuit, le Pizzaïolo me conseille de m’y poser et que ça ne « craint »pas ni pour moi ni pour le vélo, d’ailleurs les voisins sont très calmes, c’est derrière le cimetière !
Je trouve facilement l’aire en sortie de village et un petit coin d’herbe avec un arbre (indispensable pour y accrocher le vélo et dormir rassuré) me tends les bras ! D’autant que l’aire possède un point d’eau bienvenu et bien qu’il ne soit que 22h tous les occupants des campings cars sont déjà couchés, sûrement pas des jeunes qui feraient du bruit jusqu’à l’aube, tout comme les calmes voisins décrits par le pizzaïolo.
Petit rituel coutumier du soir, y compris le petit rinçage avec la bassine, le gant et savon d’Alep, ce qui apporte un peu de fraîcheur et prolonge celle du sac à viande.
Lundi 29/07/2019 Matin 3 4:02:13 69,86 km 662 m
De Sault à Ventavon
Réveil matinal vers 6h à Sault, je suis bien content de ma trouvaille de la veille, ces aires de repos pour camping cars sont plaisantes et pratiques, pas de soucis de se faire déloger à coup de fourche à fumier ni avec un fusil de chasse sous le nez, aussi le point d’eau est bienvenu, mais cela n’a pas le charme d’une jolie prairie fleurie et d’une petite source fraîche … On peut pas tout avoir.
J’attaque un joli parcours au départ de Sault, avec sur mon parcours les champs de lavande qui habillent la montagne, et j’attaque l’ascension du col de l’homme mort, petite mise en jambe de 500m de D+ de bon matin.
Avec en prime une belle vue sur le Ventoux
Il fait assez chaud, sans être étouffant, la hauteur apporte son bon air.
Je croise un couple d’Australiens qui parcourt pour la énième fois la France en cyclotourisme, très sympathiques et enclins à discuter, j’ai d’ailleurs fait la connaissance de leur vélos, World Randonneur de chez Vivente Bikes, qui fait des vélos de trekking pleins de bon sens (avec des montages proches de ce que j’ai fait sur mon Croix de Fer).
Une fois le col passé, une belle descente très pittoresque par la vallée de la Méouge, assez semblable à la Nesque, avec des passages très impressionnants.
Je fais étape dans les environs de Ventavon pour déjeuner.
Lundi 29/07/2019 Soir 4 3:29:03 54,53 km 793 m
De Ventavon au Lauzet sur Ubaye
Le soleil plombe et les montagnes se profilent devant moi, je vais bientôt attaquer les gros morceaux du parcours, avec la fatigue qui commence à se faire sentir et le physique qui se rappelle à mon bon souvenir, malgré la selle Brooks Impérial en cuir et ses 4000kms de rodage, mon postérieur commence à souffrir à son contact, les doigts s’engourdissent et je peine à trouver une position qui les soulagent, mon épaule aussi se fait sentir, mais les jambes tiennent plutôt bien, il faut dire que j’essaye de les ménager, avec des cadences dans les 70/80 Tours/minute et des développements qui s’avèrent longs mais pertinents.
J’ai retenu la leçon de beaucoup de voyageurs/bikepackeurs au long cours, ne pas se focaliser sur les moyennes mais essayer de tenir la distance, même si le temps me tabasse un peu et je fais souvent des pauses.
D’ailleurs je croise sur une aire de repos un biker au long cours, je l’invite à partager un thé avec moi. Il roule avec un vélo de supermarché et une remorque de 50 kgs digne de la débâcle de 1940, il s’agit d’un hollandais plus que sexagénaire, qui vit sur la route depuis 5 ans en vendant des toiles de son cru, il passe son temps entre le lac de Garde, la riviera Française et Espagnole. Il m’explique avoir fait le col de l’Arche pour la cinquième fois, comme quoi le matériel ne fait pas tout.
Pour le bivouac j’espérais pouvoir me poser en bord de lac, mais je m’écarterais trop de mon parcours et je préfère avancer, tenu que je suis par le court timing.
Je me remet de ma déception de ne pouvoir me poser au bord du lac de Serre-Ponçon en découvrant le Lauzet sur Ubaye, un joli lac avec un restaurant très accueillant et une jolie vue sur l’Ubaye.
Pour le couchage, je réitère ma stratégie de l’aire de repos pour camping cars, et je me trouve un spot très correct avec les points indispensables à mon goût : Eau, herbe, plat, arbre anti vol.
Le couchage se simplifie au fur et à mesure des bivouacs, avec le matelas même pas gonflé, le sac de couchage qui me sert de coussin complémentaire et le sac à viande thermique de couverture.
Je crois qu’une prochaine fois pendant ces périodes je ne prendrais que le sac à viande léger et le thermique, et pour un matelas un peu plus léger, sans parler d’une tente double paroi qui sera plus seiche le matin, malgré le temps de pose plus long et l’encombrement légèrement supérieur.
Mardi 30/07/2019 Matin 4 2:37:36 38,50 km 520 m
De Lauzet sur Ubaye à Gleizolles
Dernier jour, avec 55 kms de montée pour atteindre le point culminant du raid et ensuite 60 kms de descente jusqu’à mon objectif au Piémont Italien.
Départ tranquille avec la superbe vallée de l’Ubaye pour décor, pause de milieu de matinée a Barcelonette, et le plaisir de découvrir une forte influence Italienne dans la boulangerie locale avec une focaccia de toute splendeur qui va me caler pour longtemps, et c’est reparti dans cette vallée qui regorge de points d’eau bienvenus.
Je croise de nombreux cyclistes, beaucoup de Hollandais, assez disposés à discuter, curieux de mon périple et de mon portage « bikepacking » un peu hétéroclite et pas encore très courant.
Je discute auprès d’une fontaine avec un sympathique hollandais qui me parle du col voisin à 2800m qu’il fait en 2h30, et son neveu en 1h30… De quoi donner des complexes…
Mais bon, je ne suis pas dans la même optique et je reprends tranquille mon parcours, à mon rythme.
Les paysages superbes se succèdent, l’ascension se poursuit tranquillement, j’en viens à compter les kilomètres qui me séparent du sommet du col, moins de 20 kms bientôt !
Mais je suis surpris par le nombre de camions qui passent par cette petite route départementale, et bientôt en fond de vallée à seulement 17 kms du col et de sa descente prometteuse je suis stoppé par un panneau sans appel, une interdiction totale aux piétons et cyclistes.
Surpris je me pose à la buvette de Gleizolles à quelques mètres de là et le couperet tombe, le tunnel principal du trafic des alpes du sud, le col de Tende, est fermé aux camions et tout le trafic se déverse par le col de l’Arche …
La route étant étroite, partiellement en travaux et avec des a pics terribles, la poursuivre serait très limite, d’autant que fatigué chargé et en montée je ne suis pas des plus sûr de ma trajectoire, en descente avec la vitesse j’aurai pris le risque mais en montée pas d’échappatoire.
Je cherche un parcours alternatif mais rien de viable dans le temps imparti …
Je dois me résigner à jeter l’éponge à seulement 17kms du col et de sa descente libératrice en terre Italienne … Quel dégoût…
J’en profite pour me tremper dans l’Ubayette …
Je finirais donc avec le vélo sur le toit de la voiture familiale qui viendra me chercher au pied du col.
En passant ces fameux 17kms je me suis rendu compte que c’était absolument déraisonnable à faire, cela ne me soulage pas pour autant mais me donne une bonne raison pour accepter la fatalité.
Voici les stats complètes :
546.02 kms
5330 m de D+
En environ 33h de roulage en moins de 4 jours.
Conclusion
Beaucoup d’enseignements à tirer de cette aventure, sur le matériel, on en emporte toujours trop, du moins tant que les conditions ne sont pas trop mauvaises, il faut être joueur et avoir une bonne dose de chance et surtout de bien surveiller la météo.
La plus grosse déconvenue est due au parcours, je me suis écarté du réseau des voies vertes et autres pistes cyclables afin de relier un objectif personnel, ce qui m’a porté sur une petite départementale qui se retrouve désormais en voie d’échange majeure pour le transport routier entre la France et l’Italie.
Pour la condition personnelle, je n’étais pas encore assez préparé et le climat très chaud était très pénalisant, surtout vu mon gabarit, le prix à payer en fin de raid est relativement élevé, encore des fourmis dans la main gauche et une épaule douloureuse une semaine après alors que j’écris ces lignes.
Mais étrangement les jambes et genoux se sont bien comportés et je ne déplore aucun souci à posteriori.
Il me reste à retravailler la position sur le Vagabond pour éviter les problèmes de mains et épaules.
Pour la suite, je pense aborder différemment mes prochains trips à vélo, raids courts 24 à 72h en bikepacking léger et plus tout terrain (Vagabond), les trips plus longs sur des voies mieux identifiées (Via Rhona, Euro Vélo, etc. …) avec plus de matériel et confort (Croix de fer et sacoches traditionnelles Vaude).
Liste de matériel :
Sacoche de guidon Vaude
Sac de couchage Wilsa 600 (600 grammes et suffisant pour l'été)
Sac à viande polyester, 300 gr
Sac thermique Snugpak, 400gr
Tente Eclipse 4000, 1300gr (portée hors sacoche afin d'éviter de mouiller le reste)
Coussin gonfleur Vaude, 300gr
Matelas Thermarest Neo Venture 600gr
Sacoche de cadre Topeak
Poche à eau 2l
Gamelle Ti avec réchaud gaz, cartouche 100gr, couverts
Quart Ti et condiments
Filtre Sawyer
Sacoche de selle Vaude
Pochette pharmacie
Bassine pliante Sea to summit 40gr
Rechange et polaire
Sac de fourche droit étanche D4 5l
Bouffe (4 petits déjs et 4 repas à base de couscous, graines et condiments maison)
Sélection de thés, soupes, cappuccino
Sac de fourche gauche étanche D4 5l
Affaires de pluie
Gants GTX
Veste étanche
Jambières
manchon de cou
Couvre selle étanche
Sac Topeak Fuel
Barres, batterie USB
Veste Camelbak 1,5l Venture
Afin de faire face à la canicule, j'ai fait le choix de m'équiper de ce petit Camelbak afin de m'hydrater plus régulièrement qu'avec des bidons, et aussi ranger téléphone appareil photo, papiers.